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Pensée chinoise (et philosophie occidentale) – Approche simplifiée – partie 1

Retranscription partielle et ré-ordonnancé de : « idéeschinoises » - just another blog, lemonde.fr weblog.

http://ideeschinoises.blog.lemonde.fr/2014/12/11/pensee-chinoise-et-philosophie-occidentale/

(…) La pensée chinoise (…) se présente, explicitement, à travers une masse d’écrits qui s’étalent sur plus de 2 millénaires (L’étude de la pensée chinoise relève plus d’une approche supposant un travail philologique qu’un travail ethnologique). Son envergure historique est donc, à cet égard, tout à fait comparable à celle de la philosophie occidentale (…). (…) Par la pensée chinoise, nous entendons ainsi une tradition écrite de caractère intellectuel, réflexif (…) et présentant une cohérence manifeste à travers un réseau de notions qui se maintient jusqu’au 19ème siècle. (…).


(…) La pensée chinoise (…) est un objet historique, car partie prenant d’un devenir historique remarquable : de l’antiquité au 19ème siècle la culture chinoise n’a cessé d’évoluer, de cumuler, d’innover, d’améliorer, même, si (…) ses cadres notionnels présentent une remarquable stabilité.


(…) La différence que constitue la Chine apparaît d’emblée dans l’expression même de sa pensée, l’écriture idéographique (multitude caractère différents / quelques dizaines de signes conventionnels notant les sonorités des mots du langage pour l’occident). (…). Sa graphie a évoluée au cours des millénaires, mais elle est stable depuis l’antiquité et (…) un chinois cultivé, un mandarin, est de plein pied, en direct, avec toute sa tradition écrite.


(…) L’approche de la pensée chinoise, replacée dans sa puissante culture propre (NB, pour faire court : libérée tant que faire se peut de l’ethnocentrisme et/ou de l’exotisme – cf développement de l’article) exige beaucoup de prudence intellectuelle. Tenter de comprendre cette pensée, c’est se porter au-devant d’une différence massive, flagrante. (…) Il est donc nécessaire de définir une méthode d’approche (…) comparative (NB : cf Travail de François Jullien). (…) : Un comparatisme direct, au premier degré (Les Entretiens de Confucius, point de départ de la tradition réflexive en Chine / Les Dialogues de Platon où Socrate mène le jeu). (…) Le discours de Socrate est argumenté de bout en bout sous la forme d’un raisonnement minutieux et irrésistible (jusqu’à des sommets d’abstraction) (…) alors que le propos de Confucius reste concret, souvent anecdotique et en contexte, volontiers allusif et elliptique ; il n’insiste jamais. Mais l’air de rien, il dit l’essentiel. La difficulté principale de ce genre de propos, c’est par son absence d’aspérité de n’être pas même perçue. (…) (NB : cf développements sur le danger de la subordination (hiérarchisation / partialité) d’une forme de réflexion à l’autre par le mécanisme de la mise en rapport / dialogue des pensées grecque / chinoise). (…) Il ne s’agit pas d’évaluer, mais d’élucider (parité de principe).


(…) Repérage du point de départ de la grande bifurcation qui conduit d’un côté à la pensée chinoise, de l’autre à la philosophie occidentale :


En Grèce, dès les 1ers philosophes (dits pré-socratiques), nous trouvons une réflexion, qui, sous forme de questionnement mobilise deux termes de base : L’Être qu’il s’agit de penser et la pensée chargée, à travers un discours raisonné (logos), de cette opération fondamentale. Deux points essentiels : ce questionnement d’emblée est illimité – il dure encore. D’autre part, très vite les philosophes de la Grèce antique envisagent entre l’Être et la pensée, toutes les relations possibles, chacune définissant une option philosophique, un courant que l’on pourra par la suite retrouver à des époques différentes, réapparaissant muni d’arguments nouveaux puisés dans le savoir du moment historique (matérialisme, spiritualisme, scepticisme, dogmatisme, mécanisme, finalisme) (…). Une telle forme de réflexion prend définitivement la forme d’une spéculation (thêoria) ou vision de surplomb qui distingue deux niveaux hiérarchisés de connaissances : L’opinion, connaissance non vérifiée reçue de la société et de la tradition - la science, connaissance prouvée, rationnellement établie. Deux corollaires : l’activité philosophique est inséparable de celle de la science (mathématiques, astronomie, sciences naturelles, médecine etc.) (…). L’activité philosophique est en elle-même critique, elle examine thèses et opinions en excluant tout autre argument que ceux du discours raisonné (logos). (…) La réflexion, telle que l’orientent les 1ers philosophes grecs, s’appuie sur une série de distinctions fondamentales : l’Être et la pensée, l’opinion et la science, et à partir de là mettent en avant une valeur suprême, exclusive : la vérité. Le philosophe est l’homme qui se voue à la vérité. La philosophie dans la cité grecque a une incarnation.


En même position fondamentale, à son point de départ, la pensée chinoise ne parle pas de vérité, mais se contente d’un seul principe qu’elle répète comme une litanie : le Tao (…).Cette représentation traduit une intuition fondamentale en extrême orient : celle d’une nature en changement continuel et régulier, inépuisablement féconde à travers ce processus même. Le Tao c’est le grand mouvement qui porte et emporte toute chose. Voie, traduit-on habituellement (…). La représentation centrale de la pensée chinoise rassemble ainsi les idées de processus, mouvement, fonctionnement, régularité, fécondité. D’un mot, la viabilité du réel.


Tout est voie, végétaux, animaux, humanité, mais aussi les fleuves et les montagnes, les déserts et les villes. Rien n’est figé, sauf ce qui meurt, mais alors quelque chose de nouveau survient et le cours des choses se poursuit. La notion de Tao est exhaustive, englobante, elle embrasse tout le réel. Elle s’accompagne, immanquablement, d’un couple de termes : yin et yang. Mais les deux formulations sont strictement équivalentes : ce qu’on appelle Voie, c’est l’alternance du yin et yang, énonce une formule canonique du yijing. Le binôme ne fait que différencier ce que le terme Tao désigne de manière unitaire et globale.


Point essentiel : cette dualité de portée universelle ne relève pas de la logique disjonctive correspondant au principe de non-contradiction (ou bien… ou bien…), mais désigne une communauté de contraires où l’un ne va pas sans l’autre, comme jour et nuit, été et hiver, masculin et féminin, guerre et paix, ascension et redescente. (…) L’opposition principielle de la pensée chinoise est ainsi la polarité entre les extrémités de quoi toute chose se déploie. (…) La marche du réel – qui jamais ne s’immobilise autrement que pour disparaître, ponctuellement, et réapparaître – est ainsi portée par un grand rythme, où lumière, chaleur, expansion (yang) et obscurité, froid, retrait (yin) vont simultanément croissants et décroissants. Entre les deux pôles contraires l’interaction est ainsi continue, réciproque, inépuisablement féconde.


 
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